WPV – Workplace violence in the healthcare system | HCWs – Health Care Workers
Les statistiques des agressions dans les hôpitaux européens évoluent à la hausse. La violence envers les soignants n’est un mal français (même si l’Italie et la France caracolent en tête).
La violence dans les établissements de santé en Europe est un phénomène préoccupant, touchant particulièrement les services de psychiatrie et d’urgence. Les données disponibles montrent une prévalence significative des incidents violents, affectant à la fois le personnel soignant et les patients.
Données générales sur la violence hospitalière
Selon le Rapport 2022 de l’Observatoire national des violences en milieu de santé (ONVS), les signalements d’atteintes aux personnes et aux biens dans les hôpitaux français ont été alarmants. En 2020, il y a eu 19 579 signalements, se décomposant en 21 623 atteintes, dont 17 598 concernaient des personnes. En 2021, ces chiffres étaient similaires avec 19 328 signalements pour 21 600 atteintes[Lien]. Ces statistiques indiquent une tendance persistante à la violence dans les hôpitaux.
Répartition des incidents par services
Les services de psychiatrie sont particulièrement touchés par la violence. En 2020, ils représentaient 22,3% des signalements d’atteintes aux personnes, suivis par les unités de soins de longue durée (USLD) et les urgences[Lien]. En 2021, la psychiatrie a continué à dominer avec 22,2% des signalements[Lien]. Les urgences, bien que toujours préoccupantes, ont vu leur position relative diminuer.
Types de violences observées
Les types de violences signalées varient en gravité. En 2020, les violences physiques et menaces avec arme constituaient 50,9% des incidents, tandis que les insultes représentaient 29,9%1. En 2021, ces proportions étaient légèrement modifiées, avec 46,7% pour les violences physiques et menaces avec arme et 32,1% pour les insultes[Lien]. Cette variation souligne l’importance de la violence verbale qui peut souvent précéder ou accompagner des actes physiques.
Voici des chiffres sourcés des agressions commises dans les hôpitaux européens.
| Pays | Incidents | Population (millions) | Pour 100K habitants | Date | Source | |
|---|---|---|---|---|---|---|
| Belgique | 768 | 11,7 | 7 | 2024 | Police Fédérale | |
| France | 19000 | 68,4 | 28 | 2021 | ONVS | |
| Espagne | 9000 | 47,4 | 19 | 2023 | Policia Nacional | |
| Italie | 16000 | 58,9 | 27 | 2023 | ONSEPS | |
| Allemagne* | 6190 | 83,1 | 7 | 2022 | Offices régionaux de police criminelle | |
| Pays-Bas | 2942 | 17,5 | 17 | 2023 | Chiffres reportés par les 10 principaux hôpitaux à NU.nl | |
| Danemark | 1200 | 5,9 | 20 | 2021 | Danish Health Authority |
* : Ce chiffre ne prend en compte que les agressions brutales reportées aux autorités allemandes.
Causes de la violence
Plusieurs facteurs contribuent à cette montée de la violence :
- Surcharge du système de santé : Le manque de ressources et de personnel entraîne une frustration chez les patients, qui se traduit souvent par des comportements agressifs. Les soignants eux-mêmes évoquent un système « maltraitant », une violence institutionnelle, qui exacerbe ces tensions[Lien].
- Défiance envers l’autorité : Une tendance générale à remettre en question l’autorité, y compris celle des professionnels de santé, complique davantage la situation[Lien].
- Conditions de travail difficiles : Le stress et la pression croissante sur le personnel médical peuvent également jouer un rôle dans l’escalade des conflits[Lien].
Réponses institutionnelles
Face à cette crise, plusieurs mesures ont été mises en place :
- Renforcement de la sécurité : Des dispositifs tels que des caméras de surveillance et des équipes de sécurité ont été instaurés dans certains établissements. Par exemple, le CHU de Nantes a intégré d’anciens policiers pour intervenir lors d’incidents menaçants[Lien].
- Formation du personnel : Des initiatives visent à former les soignants à identifier les « signaux faibles » annonçant une montée de la violence. Cela inclut des formations sur la gestion des conflits et la médiation[Lien].
- Plans d’action gouvernementaux : En septembre 2023, un plan national a été lancé pour créer un délit unique d’outrage envers les professionnels de santé et faciliter le dépôt de plaintes en cas d’agression[Lien].
- Les Pays-Bas « blacklistent » certaines personnes et leur interdisent l’entrée aux Hôpitaux.
- Les Britanniques ont élaborer la NHS Patient Safety Strategy qui commence à porter ses fruits (50% des objectifs).
- En Italie, le Ministère de la Santé italien, en collaboration avec diverses institutions régionales et locales, a défini le cadre du Servizio Sanitario Nazionale (SSN), qui coordonne les efforts de sécurité au niveau national tout en laissant aux régions le soin d’adapter les mesures aux contextes locaux.
Conclusion
La violence dans les hôpitaux européens est un enjeu complexe qui nécessite une approche multidimensionnelle. Il est essentiel d’améliorer les conditions de travail du personnel médical tout en répondant aux besoins et attentes des patients. La prévention et la formation sont cruciales pour instaurer un climat plus serein au sein des établissements de santé, garantissant ainsi la sécurité tant des soignants que des patients.
